Type de texte | source |
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Titre | Traité de l’amour de Dieu |
Auteurs | Sales, François de |
Date de rédaction | |
Date de publication originale | 1654 |
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(livre XI, chap. V, t. V), p. 251-252
Piraeicus a la fin de ses ans ne peignoit qu’en petit volume et choses de peu, comme boutiques de barbiers, de cordonniers, petitz asnes chargés d’herbes, et semblables menus fatras ; ce qu’il faisoit, comme Pline pense, pour assoupir sa grande renommee : dont en fin on l’appella peintre de basse estoffe ; et neanmoins, la grandeur de son art paroissoit tellement en ses bas ouvrages, qu’on les vendoit plus que les grandes besoignes des autres. Ainsy, Theotime, les petites simplicités, abjections et humiliations esquelles les grans Saintz se sont tant pleus pour se musser et mettre leur coeur a l’abri contre la vayne gloire, ayant esté faites avec une grande excellence de l’art et de l’ardeur du celeste amour, ont esté treuvees plus agreables devant Dieu que les grandes ou illustres besoignes de plusieurs autres, qui furent faites avec peu de charité et de devotion.
Dans :Piraicos et la rhyparographie(Lien)
(IX, 15), t. V, p. 156
Demetrius tenant le siège devant Rhodes, Protogenes qui était en une petite maison des faubourgs, ne cessa jamais de travailler, mais avec tant d’assurance et de repos d’esprit, qu’encor qu’on lui tint presque toujours l’épée a la gorge, il fit l’excellent chef d’œuvre d’un satyre admirable qui s’égayait a jouer du flageolet. O Dieu, quelles âmes, qui entre toutes sortes d’accidents tiennent tous-jours leur attention et affection sur la Bonté éternelle, pour l’honorer et chérir a jamais !
Dans :Protogène et Démétrios(Lien)
, t. V, p. 243
Or je veux maintenant dire ainsi : quand le saint amour de charité rencontre une âme maniable et qu’il fait quelque long séjour en icelle, il y produit un second amour, qui n’est pas un amour de charité quoiqu’il provienne de la charité, ains c’est un amour humain, lequel néanmoins ressemble tellement la charité, qu’encore que par apres elle périsse en l’âme, il est avis qu’elle y soit toujours, d’autant qu’elle y a laissé après soi cette sienne image et ressemblance qui la represente ; en sorte qu’un ignorant s’y tromperait, ainsy que les oiseaux firent en la peinture des raisins de Zeuxis, qu’ils crurent être des vrais raisins, tant l’art avoit proprement imité la nature. Et néanmoins, il y a bien de la différence entre la charité et l’amour humain qu’elle produit en nous : car la voix de la charité prononce, intime et opère tous les commandements de Dieu dedans nos cœurs ; l’amour humain qui reste après elle, les dit voirement et intime quelquefois tous, mais il ne les opère jamais tous, ains quelques-uns seulement.
Dans :Zeuxis et Parrhasios : les raisins et le rideau(Lien)